Comité de liaison (CLAN-R)

Regards sur l’armée d’Afrique (extrait)

jeudi 5 septembre 2019

Chaque année le débarquement des troupes alliées, le 15 août 1944 en Provence, est célébré avec dignité, mais pas toujours avec un juste reflet de l’Histoire. Insensiblement, mais inexorablement, si nous n’y prenons garde, l’Armée d’Afrique est poussée dans le camp des oubliés de l’histoire par ceux qui la réécrivent en fonction de leur humeur, pour ne pas en dire davantage.

Dans le même ordre d’idées, il ne faut pas oublier que, dès le début du 2e conflit mondial, le Sultan Mohammed dans une lettre du 3 septembre 1939 lue dans toutes les mosquées du Maroc, avait annoncé au peuple marocain, l’entrée en guerre de son pays aux côtés de la France.

«  C’est aujourd’hui, que la France prend les armes pour défendre son sol, son honneur ; sa dignité, son avenir et le nôtre, que nous devons être, nous-mêmes, fidèles aux principes de l’honneur de notre race, de notre histoire et de notre religion... »

Parlons donc de cette « Armée d’Afrique » si chère à Lyautey qui eut bon nombre de ses unités sous ses ordres. Inspirateur de l’idée des Goums marocains et des Goumiers, c’est lui qui leur a donné leur statut définitif.

L’appellation « Armée d’Afrique » fut donnée au Corps expéditionnaire du Général de Bourmont débarqué en Algérie, le 14 juin 1830, ä Sidi-Ferruch. L’habitude fut prise de désigner ainsi, non seulement les unités venues de France, mais aussi celles formées en Afrique du Nord. Destinées à l’origine ä remplir leur mission sur place, ces troupes furent appelées au fil du temps à opérer sur d’autres territoires. La politique menée par la France devait conduire l’Armée d’Afrique à combattre dans toutes les parties du monde.

Cette Armée d’Afrique a pris une large part dans le débarquement commencé le 15 août 1944 en Provence. Français (métropolitains et pieds-noirs), Algériens, Marocains, Tunisiens, Subsahariens, Légionnaires ont - grâce à leur courage - restauré dans l’esprit des Alliés l’honneur de la France, dont la défaite, en 1940 est davantage due aux erreurs de ses « politiques », et à la démoralisation de la Nation, qu’aux défaillances de son armée traditionnelle.

L’Armée d’Afrique l’a prouvé. Sans parler de sa participation aux opérations de Sicile (juillet et août 1943) à la libération de la Corse, c’est la campagne d’Italie qui est la plus marquante à partir du 20 novembre 1943. Du 11 au 18 mai 1944, c’est la rude bataille pour la prise de Monte-Cassino qui a ouvert la route de Rome, Après la conquête de l’ile d’Elbe du 14 au 29 juin, l’Armée d’Afrique est engagée pour la libération du territoire français.

En sept mois de campagne en Italie, les pertes du Corps Expéditionnaire Français dont elle compose l’essentiel ont déjà été de 6 400 tués, de 20 900 blessés, de 4 200 disparus, soit plus de 15 % des 200.000 Français de souche européenne ou musulmane, selon le vocabulaire de l’époque.

A la seule 3e D.I.A. l’effectif quasi total de ses régiments d’infanterie, officiers et troupe, a été renouvelé, soit au total 8 000 hommes de pertes. La 2e DIM entre décembre 1943 et juillet 1944, a laissé sur le terrain près de 12 000 hommes, la 4e DMM : 3 500 et les Goums marocains : 3 000.

Elle a combattu jusqu’au Rhin pour libérer la France et a continué à combattre en Allemagne jusqu’à la victoire du 8 mai 1945. Ses unités marocaines ont mené de durs combats dans les Vosges au cours de l’hiver 44-45 particulièrement rude, tout comme pour la réduction de la "poche de Colmar" qui achevait la libération de l’Alsace, début février 1945.

Une ardeur patriotique exemplaire, un amalgame aisé, la fraternité d’armes, une volonté et un courage à toute épreuve, l’exemple et la bravoure des officiers et sous-officiers français, des jeunes engagés venus de Métropole, ont contribué à arracher la victoire à un ennemi entraîné, aguerri et même fanatisé. Qu’on s’en souvienne.

Colonel (er) P. GEOFFROY
Président de la Fondation Lyautey

Rediffusé sur le site de l’ASAF

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PS :

Dans son article sur l’ Armée d’ Afrique , le colonel Geoffroy (qui est spécialisé certes dans le Maroc et l’ héritage du maréchal Lyautey, ce qui est tout à son honnneur) aurait pu cependant signaler aussi la forte proportion de soldats mobilisés Pieds Noirs en 1943/44/45 ( Plus de 15 classes d’ age ) venant de l’ Algérie alors française ... en particulier dans l ’Armée du général de Lattre de Tasigny , la 1ere Armée française, qui de la Provence en 1944 à l’ Allemagne en 1945, participa tres directement à la libération de notre pays et à la victoire sur l’ Allemagne nazie ... 260 000 hommes débarquèrent en Provence à partir du 15 08 1944 dont près de 100 000 soldats Pieds noirs .

Décidemment cet aspect historique est un peu oublié dans les propos ou articles sur l’ Armée d Afrique et le Débarquement de Provence ; même dans les discours des commémorations officielles.

Il faut honorer TOUS ces combattants, frères d’arme d’ origines diverses, venus pour la très grande majorité de l’ Afrique du Nord ...pour libérer notre pays.

Gilles Bonnier