Comité de liaison (CLAN-R)

26 mars 2019 - Robert Ménard, maire de Béziers rendait " Hommage aux Français victimes du massacre de la rue d’Isly à Alger"

samedi 19 décembre 2020

Mesdames, Messieurs,

Merci d’être là, d’être là pour tous ceux qui sont tombés, le 26 mars 1962, rue d’Isly, à Alger.

Que reste-t-il, aujourd’hui, de cette tuerie de la rue d’Isly ? Quelques témoignages, le son des balles, des figures qui courent sur un film en noir et blanc. Une mémoire éparpillée au vent de l’Histoire, des bribes de souffrances tues, cachées, une date quasi effacée, j’allais dire presque interdite de ce qu’on enseigne de cette Algérie qui fut française.

Tout juste une semaine après la signature des Accords d’Evian, les Français d’Algérie avaient voulu manifester. Un rassemblement empreint de désespoir pour tout le petit peuple pied-noir.

Le monde, leur monde, notre monde, mon monde venait de s’écrouler. Mais fallait-il encore se faire tuer par ses propres compatriotes ? Fallait-il que le destin s’acharne à ce point ?

Je ne vais pas polémiquer, je ne vais pas poser les questions qui dérangent, je voudrais juste dire l’horrible indifférence du pouvoir, les soldats la peur au ventre, l’air quasiment irrespirable.

L’Algérie était une Atlantide en sursis. L’Algérie coulait dans l’océan de l’inconnu.
Les semaines qui suivirent furent des pages barbares marquées d’horreur et d’effroi. Loin des ministères parisiens, loin des rédactions de la capitale, tout le monde en avait conscience au sud de la Méditerranée, ce qui était encore chez nous.

Je ne vais pas polémiquer, disais-je, mais rappeler quand même que ce 26 mars 1962 est un démenti, un démenti cinglant, sanglant à tous ces révisionnistes qui, commémorant le 19 mars, veulent nous faire croire que la signature des accords d’Evian marquait la fin de la guerre en Algérie. Des menteurs, des falsificateurs.

À ces pseudos historiens, à ces pseudos journalistes et, plus triste encore, à ces pseudos enseignants, je dis pour vous et pour moi : vos mensonges, nous les combattrons encore et toujours. Il en va de l’honneur de ceux qui sont morts après le 19 mars, il en va du respect de nos morts.

Tant que je serai maire de Béziers, je ne célébrerai pas le 19 mars, tant que je serai maire de cette ville, nos drapeaux seront en berne le 19 mars.

Falsificateurs, révisionnistes : sachez que les 80 morts, les 200 blessés de la rue d’Isly vous observent, ici et de là-haut. Sachez que votre version mensongère de ce qui s’est passé ce jour-là en Algérie n’aura pas toujours valeur de vérité. Les dogmes, tous les dogmes officiels finissent par être abattus, à un moment ou à un autre.

Quand on réhabilitera l’Algérie de nos pères et des pères de nos pères, quand on reconnaîtra enfin l’épouvante de la rue d’Isly, les âmes de nos ancêtres retrouveront la paix.

C’est aujourd’hui la seule chose que j’espère. Pour ne pas être à jamais les perdants de l’histoire, qu’on caricature, qu’on offense, qu’on moque, qu’on méprise.
Je crois que les Français d’Algérie méritent mieux, que les victimes de la rue d’Isly méritent mieux ! Ils sont le sel de notre terre.

Pour nos morts ! Vive la France ! Vive la France en Algérie !"

Robert Ménard, maire de Béziers


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