Comité de liaison (CLAN-R)

1er Novembre 2014- Jour du Souvenir

lundi 3 novembre 2014

L’on commémorait en France, en ce jour de Toussaint, tous les morts reposant dans ces cimetières propres et fleuris de notre beau Pays. Nous avons-nous aussi, depuis notre exil, vu partir des membres de notre famille et de nos amis, trop las d’attendre un mot de compassion et une reconnaissance d’une politique ayant permis des massacres cachés et niés d’Européens et de Musulmans fidèles, un exode bâclé d’un million de personnes, et une chape de plomb tombant sur nos souvenirs et notre Histoire. La tombe si loin du berceau, nos anciens sont partis sans bruit, comme les gouvernements l’ont souhaité. Ainsi se règlera la créance mémorielle qui leur était due, sans gloire pour un Etat amnésique et ingrat.

C’était donc la traditionnelle journée qui leur était consacrée. Bien sur, nos cœurs sont emplis du souvenir de ces visages qui nous ont accompagnés ou que l’on a croisé, ces visages que l’on ne peut oublier. Et bien sur, les 52 ans d’exil ont vu disparaitre nos parents qui en ont connus la douleur et le désespoir, devant le déni instauré par ceux là même qui préfèrent l’assassin à la victime. Cette douleur, nous l’avons hérité, comme leur colère, et elle mourra avec nous.

Mais nous avons confié à Notre Dame d’Afrique et à Notre Dame de Santa Cruz, les âmes de nos défunts, certains de Sa Bienveillance envers ce peuple vivant au pied de ses basiliques. Des fleurs de saison, témoignages de notre affection éternelle, ont été déposées devant la Vierge, au cours d’une cérémonie aussi simple qu’émouvante. Le salut aux morts, avec des drapeaux baissés, -mais que faisons nous sans le drapeau tricolore ?- mêlait civils et militaires, originaires des départements d’Algérie, dont les actions ont fait rayonner la Patrie.

Si certains, sous le drapeau FLN, dans des villes de France, célébraient « la rébellion » Algérienne, nous, au pied de Notre Vierge, nous pensions à tous ces innocents assassinés. L’amour que nous portons à notre drapeau, nous fait préférer les nôtres, morts sans pouvoir se défendre, à ceux, pour qui le terrorisme est devenu une façon d’être. Nous pensions aussi à ces générations de pionniers, venus faire verdir une terre hostile, laissant souvent la vie, pour faire reculer les marais et le désert, puis, considérant le prix humain payé, voulant simplement cueillir les fruits de leur difficile travail ; à ces émigrants, venus d’horizons divers, revêtant aussitôt l’amour de leur nouveau Pays et de son drapeau, qu’ils ont su défendre en maintes occasions, offrant en échange de leur courage, l’ espoir d’une nouvelle vie laborieuse, modeste certes, mais plus belle du fruit de leur travail. Nous pouvons alors imaginer le déchirement de l’exode, définitif et sans retour…

Cimetière de Bougie, Juillet 2012

Nous pensions à tous ceux qui, ayant marqué leur sillon et laissé leur trace, sont ensevelis dans la terre qu’ils ont tellement aimé. Peut-être aurais-je du dire « reposent », mais l’état de nos cimetières, pillés, vandalisés, abandonnés, où règnent la désolation et le manque de respect, où la nature humaine exprime le mieux sa cupidité et son ingratitude, et où l’implication de nos politiques, très loin de la hauteur du problème et du nécessaire besoin de dignité, montrent la volonté politique d’effacer des livres d’Histoire, 132 ans d’une épopée glorieuse et douloureuse. Jusqu’à vouloir éradiquer notre souvenir…

Et, suprême ignominie, même nos morts ne peuvent reposer…

François Paz


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